OGM: six ans après l'affaire Seralini, le scandale refait parler

Il y a six ans, en septembre 2012, une étude du biologiste Gilles-Eric Séralini, professeur à l’Université de Caen, déclenchait l'inquiétude. Les médias se mettaient alors à publier à un rythme effréné des photos de rats avec des tumeurs protubérantes, causées par la consommation de maïs transgénique et/ ou herbicide. Seulement voilà , une publication scientifique récente vient de prouver que cette étude sur les OGM en 2012 était possiblement erronée.

Credit photo endostock

L'étude qui apporte un démenti, réouvre le dossier du scandale:

Une nouvelle étude menée par l’Inra, l’Inserm, l’Anses et des laboratoires universitaires vient d’apporter un démenti grave aux travaux de Gilles-Eruc Séralini. En effet, le travail des chercheurs, long de 4 ans, publié le 10 décembre dans la revue Toxicological Sciences, montre au contraire que, en elles-mêmes, les constructions génétiques apportées à deux maïs modifiés n’altèrent ni la santé ni même le métabolisme des animaux de laboratoire qui les ont consommés pendant six mois. Une étude qui a pris toutes les précautions pour prévenir les critiques. La principale d’entre elles a consisté à étendre la durée de l’expérimentation à 6 mois – contre 90 jours dans l’étude de Séralini. "Cette période de temps, qui double celle du test requis par la réglementation européenne, équivaut au tiers de la vie moyenne des rats", explique Bernard Salles, vétérinaire et pharmacien, directeur du laboratoire Toxalim à l’Inra de Toulouse.


Toujours selon lui, "au terme de 6 mois d’expérimentation, aucune différence significative du point de vue biologique n’a été identifiée entre régimes OGM et non OGM". "Aucune altération des organes, et en particulier du foie, des reins ou de l’appareil reproducteur des rats aux régimes OGM n’a été observée", a-t-il avancé.


La question que l'on est en droit de se poser suite à cette nouvelle est: Est-ce que la nouvelle étude aura autant d'impact que la précédente qui s'est ancrée dans la tête de l'opinion publique? En tout cas si l'on est sûr d'une chose c'est que les travaux de Gilles-Éric Séralini avaient installé un climat de méfiance entre l’opinion et le monde de l’expertise réglementaire.


Une volonté de préserver la santé publique contre celle de l’activité économique.

Ces dernières années entre les pesticides, l'amiante, les dispositifs médicaux implantables, le mediator, la depakine et bien d'autres, les exemples n'ont cessés de s'accumuler et de suggérer que les pouvoirs publics sont démunis face à l'influence des industriels. Un climat lourd à la base d'incidences sur la santé et l’environnement...

Vers une réforme de l’expertise sanitaire et environnementale:


Pour rétablir un sentiment de sécurité, les nouvelles études ne suffiront pas. Cette remise en confiance tient plutôt à une réforme de l’expertise sanitaire et environnementale. C’est ce que l’Union souhaite proposer. Le 11 décembre, un projet de refonte du système d’expertise communautaire vers plus de transparence, d’indépendance et d’intégrité a été adopté par le parlement européen. De quoi restaurer la confiance dans les autorités sanitaires.


Concernant la réouverture du scandale Séralini sur les OGM, Bernard Salles explique que l’étude de Gilles-Eric Séralini n’est rien d’autre qu’«un chiffon rouge agité devant un taureau». Selon lui, "la vraie question c’est de savoir s’il est vraiment utile de produire des OGM, s’ils favorisent l’utilisation d’herbicides, ou encore si l’on a vraiment envie d’une agriculture liée économiquement à de grands groupes». Toujours selon Bernard Salles, la remise en cause de l'étude de Séralini en 2012 vient du fait qu'elle n'était pas fiable en raison d'un trop faible effectif des groupes contrôlés.


Que dit Gilles-Eric Séralini concernant les résultats de cette nouvelle étude contradictoire?


La grand différence qui se joue entre la nouvelle étude et l'ancienne, c'est que cette fois-ci l'étude actuelle a observé l'état de santé des rats d'après une durée de 3 à 6 mois. Or, l'étude de 2012 se basait sur une observation de 2 ans, soit la durée de vie totale des rats.

Selon Séralini et ses propos rapporté dans l'OBS, cela change tout car: "c'est après la première année que les dysfonctionnements toxicologiques majeurs apparaissent chez les rats. Pourquoi avoir interrompu les observations à 6 mois?" se défend-t-il.

Réponse de Bernard Salles : "Le protocole recherchait des biomarqueurs précoces d'altération de fonctions [autrement dit, des "indices" biologiques prouvant la survenue de futures maladies, NDLR]. Pour étudier un impact sur la santé des rats in vivo dans le domaine des composés chimiques, on réalise le plus souvent une étude à 3 mois. Nous avons volontairement augmenté le temps d'analyse à 6 mois".

Une réponse qui ne satisfait pas Gilles-Éric Séralini : "Il est faux de dire que les biomarqueurs peuvent permettre de diagnostiquer les futures pathologies. C'est jouer au devin!" a-t-il conclu.

Une affaire pour le moins délicate qui réouvre la question sur la toxicité du maïs OGM et les cancers qui vont avec. Allons-nous vers un nouveau scandale? Ou plutôt vers la fin de l'affaire Séralini? Ça, seul l'avenir nous le dira.






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