Liste rouge : le rorqual commun et le gorille des montagnes en voie de récupération

Les efforts de conservation apportent un nouvel espoir pour le rorqual commun et le gorille de montagne, selon la dernière mise à jour de la Liste Rouge de l’UICN des espèces menacées publiée aujourd’hui. Le rorqual commun a bénéficié des interdictions de chasse à la baleine et passe de la catégorie « En Danger » à la catégorie « Vulnérable », tandis que la sous-espèce de gorille des montagnes passe de « En Danger Critique » à « En Danger » grâce aux efforts concertés de conservation.



La mise à jour de la Liste Rouge de l’UICN publiée le 14 novembre révèle également que la surpêche provoque un déclin des espèces de poissons dans certaines parties du monde en voie de développement, 13% des espèces mondiales de mérous et 9% des poissons du lac Malawi étant ainsi menacés d’extinction. La surexploitation menace également le Vène (Pterocarpus erinaceus), source importante de bois, qui fait son entrée dans la Liste Rouge de l’UICN dans la catégorie « En Danger ».


LA LISTE ROUGE DE L’UICN COUVRE MAINTENANT 96 951 ESPÈCES DONT 26 840 SONT MENACÉES D’EXTINCTION.

« Cette nouvelle mise à jour de la Liste Rouge de l’UICN illustre la portée des actions de conservation, à travers les améliorations de statut constatées pour le rorqual commun et le gorille des montagnes », selon Inger Andersen, Directrice générale de l’UICN. « Ces succès de conservation sont la preuve que les efforts ambitieux et concertés des gouvernements, des entreprises et de la société civile peuvent inverser la tendance de la perte d’espèces. Malheureusement, cette dernière mise à jour illustre également comment les menaces à la biodiversité continuent de freiner les avancées vers certains des objectifs les plus importants de la société, comme la sécurité alimentaire. Il est urgent de voir les mesures de conservation efficaces renforcées et soutenues. Le sommet de l’ONU sur la biodiversité qui se tient actuellement en Égypte constitue une occasion précieuse pour une action décisive pour protéger la diversité de la vie sur notre planète ».


AUGMENTATION DES EFFECTIFS DE BALEINES

Autrefois « En Danger », le rorqual commun (Balaenoptera physalus) est désormais considéré comme « Vulnérable », la population mondiale de l’espèce ayant presque doublé depuis les années 1970. Cette augmentation fait suite aux interdictions internationales de chasse commerciale à la baleine dans le Pacifique Nord et dans l’hémisphère Sud, en vigueur depuis 1976, ainsi qu’à des réductions importantes des captures dans l’Atlantique Nord depuis 1990. Le statut de la sous-population occidentale de baleines grises (Eschrichtius robustus) s’est également amélioré, passant de « En Danger Critique » à « En Danger ». Ces deux espèces de baleines étaient historiquement menacées par la surexploitation de leur graisse, de leur huile et de leur viande.


« Les populations de rorquals communs et de baleines grises occidentales ont été gravement réduites par la chasse, et c’est un grand soulagement de voir enfin leurs effectifs repartir à la hausse. Ces baleines se rétablissent en grande partie grâce aux interdictions de chasse commerciale, aux accords internationaux et à diverses mesures de protection. Les efforts de conservation doivent continuer jusqu’à ce que les populations ne soient plus menacées », indique Randall Reeves, Président du groupe de spécialistes des cétacés de la CSE de l’UICN. « Ces exemples de gouvernements, industries et société civile agissant de concert pour la conservation devraient inspirer les Parties réunies en Égypte, cette semaine, pour la conférence de la Convention sur la diversité biologique ».



La protection presque complète des rorquals communs sur l’ensemble de leur aire de répartition a permis à la population mondiale d’atteindre environ 100 000 individus matures. Les baleines grises occidentales sont protégées de la chasse à la baleine dans presque tous les États de leur aire de répartition depuis 1980, mais ce n’est que récemment que l’on a clairement constaté une augmentation de leur nombre dans le Pacifique occidental, en particulier au large de l’île de Sakhalin, en Russie. La différence entre les effets des mesures de conservation et la détection du rétablissement des populations de baleines est en partie due au faible taux de reproduction de ces animaux. Cinq États de l’aire de répartition de la baleine grise occidentale (le Japon, la Fédération de Russie, la République de Corée, les États-Unis et le Mexique) ont signé un mémorandum de coopération concernant les mesures de conservation des populations de cette espèce. L’activité industrielle, y compris l’exploitation pétrolière et gazière et la pêche commerciale, représente également une menace potentielle pour les baleines grises. Depuis 2004, un groupe de scientifiques indépendants dirigé par l’UICN conseille Sakhalin Energy, l’une des plus grandes sociétés opérant en offshore dans l’Extrême-Orient russe, sur comment gérer les impacts potentiels de ses activités sur les baleines.



UN ESPOIR POUR LE GORILLE DES MONTAGNES


Cette mise à jour de la Liste Rouge de l’UICN apporte également un espoir concernant le gorille des montagnes (Gorilla beringei beringei), dont le statut de conservation s’est amélioré de « En Danger Critique » à « En danger » grâce aux efforts de conservation concertés, par-delà les frontières nationales, et à l’engagement positif des communautés vivant autour de l’habitat des gorilles. Le gorille des montagnes est l’une des deux sous-espèces de gorille oriental (Gorilla beringei). Celui-ci reste « En Danger Critique ».

Des mesures conséquentes de conservation, y compris des patrouilles anti-braconnage et des interventions vétérinaires in-situ telles que l’élimination des pièges, ont contribué à la croissance des populations de gorilles des montagnes depuis leur précédente évaluation par la Liste Rouge de l’UICN, en 2008. Alors que les populations de gorilles des montagne n’étaient estimées qu’à environ 680 individus en 2008, les estimations de 2018 montrent qu’elles sont passées à plus de 1 000 individus, chiffre le plus élevé jamais enregistré pour la sous-espèce. La croissance des populations a été confirmée par des méthodes de comptage coordonnées et améliorées.


L’habitat des gorilles des montagnes est limité à des aires protégées couvrant environ 792 Km2 dans deux régions de la République démocratique du Congo, du Rwanda et de l’Ouganda: le massif des Virunga et la région de Bwindi-Sarambwe. Les deux sites sont entourés de terres intensivement utilisées pour l’agriculture par une population humaine croissante. Les menaces pesant sur cette sous-espèce restent élevées et incluent notamment le braconnage, les troubles civils récurrents et les maladies introduites par l’homme, allant d’infections respiratoires au virus Ébola.


« Bien que l’augmentation des effectifs de gorilles des montagnes soit une fantastique nouvelle, la sous-espèce est encore en danger et les efforts de conservation doivent continuer », indique le Dr Liz Williamson du Groupe de spécialiste des primates de la CSE de l’UICN. « Des efforts concertés dans le cadre d’un plan d’action régional et la mise en œuvre intégrale des lignes directrices de l’UICN pour le tourisme et la prévention des maladies chez les grands singes, qui recommandent de limiter le nombre de touristes et d’éviter tout contact direct avec les humains, sont essentiels pour assurer l’avenir du gorille des montagnes ».


LA SURPÊCHE MENACE CERTAINES ESPÈCES DE POISSONS

Cinquante-quatre espèces de poissons de deux zones de pêche importantes sont menacées par une pêche non-durable, selon la dernière mise à jour de la Liste Rouge de l’UICN.

Neuf pour cent des 458 espèces de poissons évaluées dans le lac Malawi présentent un risque d’extinction élevé, suscitant certaines inquiétudes pour la sécurité alimentaire régionale. Trois des quatre espèces de tilapia (Oreochromis karongae, Oreochromis squamipinnis et Oreochromis lidole), poisson le plus important pour le Malawi d’un point de vue économique, sont gravement menacées. Les pêcheries de tilapia sont aujourd’hui au bord de l’effondrement. Plus d’un tiers des habitants du Malawi dépendent du lac Malawi, troisième lac le plus grand d’Afrique, pour leur nourriture et leurs moyens de subsistance. Des résultats similaires ont été soulignés dans un récent rapport sur le bassin du lac Victoria, où les trois quarts des espèces endémiques d’eau douce sont menacées. Les moyens de subsistance locaux de plusieurs pays d’Afrique de l’Est dépendant des ressources de ces lacs sont menacés par une pêche non-durable.


La première réévaluation de l’ensemble des 167 espèces de mérou, type emblématique de bar de grande importance économique et largement présent dans les régions Atlantique, Caraïbes et Indopacifique, confirme que 13% des espèces sont menacées par la surpêche. Les communautés locales des pays tropicaux et subtropicaux en développement sont particulièrement touchées. Les espèces inscrites sur la Liste Rouge de l’UICN sont périodiquement réévaluées et leur statut de conservation est redéfini en conséquence, en fonction des nouvelles données disponibles. De meilleures informations sur les tendances démographiques ont confirmé que le mérou de Nassau (Epinephelus striatus) est plus menacé qu’on ne le pensait auparavant, faisant passer son statut de conservation de « En Danger » à « En Danger Critique ». Cette espèce est très appréciée dans les Caraïbes, mais sa surpêche a provoqué des diminutions locales de plus de 80% depuis les années 1980. Les évaluations ont également souligné que le statut de conservation du mérou camouflage (Epinephelus polyphekadion) et de la badèche baillou (Mycteroperca microlepis) est plus préoccupant qu’on ne le pensait jusqu’à présent.


« L’épuisement des stocks de poissons est une préoccupation sérieuse pour la sécurité alimentaire, en particulier pour les communautés côtières des pays en développement », indique Yvonne Sadovy, Co-présidente du Groupe de spécialistes des mérous et labres de la CSE de l’UICN. Bien que certaines pêcheries marines commerciales soient gérées de façon durable, il n’existe que peu d’exemples, globalement, concernant les mérous. La croissance de la population humaine accentue la demande sur les espèces de poissons importantes pour les moyens de subsistance et les marchés de niche, et les pressions à l’exportation exacerbent la situation. Le déclin des espèces affecte de façon significative le prix de vente du poisson dans le monde et réduit la sécurité alimentaire de millions de personnes qui dépendent de la pêche artisanale et de subsistance pour leur survie.


L’ABATTAGE ILLÉGAL MENACE LE BOIS DE VÈNE

Le Vène (Pterocarpus erinaceus), source importante de bois à l’échelle mondiale, fait son entrée dans la Liste Rouge de l’UICN dans la catégorie « En Danger », menacé par un abattage à outrance en réponse à une demande en plein essor pour la fabrication de produits ménagers. Originaire d’Afrique Centrale et de l’Ouest, le bois de couleur rose-brun foncé de cet arbre est utilisé dans le monde entier pour la fabrication de meubles, de revêtements de sol, d’ustensiles domestiques à bas coût ainsi que dans la construction. Entre 2009 et 2014, le commerce du bois de Vène, un type de bois de rose africain, a été multiplié par 15 pour répondre à la forte demande chinoise.


« Avec la demande dépassant l’offre légale de bois de Vène, les réseaux de commerce illégal deviennent de plus en plus lucratifs », indique Sara Oldfield, Coprésidente du groupe de spécialistes des plantes de la CSE de l’UICN. « Moins de 2% des forêts naturelles de cet arbre sont protégées et une grande partie de son habitat se trouve dans des zones de conflit, où la conservation n’est pas une priorité. Les aires protégées doivent être agrandies afin de conserver cette espèce ».


Le commerce illégal de bois de Vène est généralisé. La plupart des pays de son aire de répartition ont mis en place des législations spécifiques pour protéger l’espèce, mais celles-ci ne sont souvent pas appliquées en raison d’un manque de ressources et de financements pour contrôler le commerce illégal. Au Togo, un quart de la récolte de bois de rose africain était obtenue de façon illégale en 2008. Un manque de sensibilisation tout au long de la chaîne d’approvisionnement perpétue cette situation, menaçant les moyens de subsistance locaux qui dépendent de cet arbre pour le fourrage animal, le carburant, la teinture pour vêtements et son utilisation à des fins médicales. Des applications du bois de rose dans les traitements de la maladie d’Alzheimer et autres démences sont également à l’étude.


Source : uicn.fr


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