En Antarctique, une colonie entière de manchots empereurs a disparu de son site de reproduction

Pour la troisième année consécutive, la deuxième plus vaste colonie de manchots empereurs au monde n'a donné naissance à presque aucun petit sur son site habituel de reproduction. Elle risque ainsi de disparaître, ou au moins de migrer vers un autre secteur

de la banquise.


Les manchots empereurs peuvent atteindre jusqu'à 1,20 m de hauteur pour une masse de 40 kg. Crédit photo : Sirtravelalot / Shutterstock

Avec jusqu’à près de 25 000 couples reproducteurs, la colonie de Halley, dans la mer de Weddell en Antarctique, représente la seconde plus grande colonie de manchots empereurs au monde et plus de 8% de la population globale de l’espèce. Ainsi, chaque année, depuis plusieurs décennies, les oiseaux retournent à cet endroit, la barrière de Brunt, un site protégé par des "barrières" de glace, pour se reproduire.

Depuis des dizaines d’années, le site, situé dans la baie de Halley, a montré des conditions idéales pour l’espèce. Mais en 2016, la zone a connu une période agitée, marquée par des vents violents et une banquise fragilisée, qui ont affecté la reproduction des oiseaux, et la colonie semble avoir perdu une grande de partie de sa population.


Lors de la reproduction, les oiseaux ont besoin de nidifier sur une glace stable, d'avril, au début de l’automne dans l’hémisphère sud, jusqu’à l’été austral, au mois de décembre, lorsque les nouveau-nés prennent leur envol. Si la banquise se brise trop tôt lorsque les températures augmentent, les petits n'ont pas le temps de développer les plumes nécessaires pour nager et voler, et ils se noient, c’est ce qui est arrivé les dernières années.


Ces révélations ont été présentées dans une étude du British Antarctic Survey (BAS), publiée dans la revue Antarctic Science. Selon eux cette disparition est due à la fonte précoce des glaces. "Il est impossible de dire si les changements de conditions au niveau de Halley Bay sont spécifiquement liés au changement climatique", a indiqué un des auteurs de l’étude, Phil Trathan. Mais selon le chercheur : "même en prenant en compte les niveaux d'incertitude écologique, les populations de manchots empereurs risquent de chuter de façon dramatique, en perdant 50 à 70% de leurs effectifs d'ici la fin du siècle".


Toutefois, les scientifiques pensent que la colonie n’a pas disparu mais s’est déplacée et regroupée avec la colonie voisine de Dawson-Lambton. Les analyses aériennes ont révélé que la colonie proche avait connu une croissance continue de sa population, et serait passée de 11.117 couples reproducteurs en 2017 à 14.612 en 2018, suggérant que les adultes de Hally Bay s’y étaient réfugiés. Pour les spécialistes, la découverte est encourageante car on ignorait que l’espèce était capable de trouver des alternatives en réponse à des changements importants dans leur environnement local.

Toutefois, la perte d'un site majeur de reproduction reste une terrible source d'inquiétude pour l'avenir du manchot empereur.



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